Le tsunami a laissé 48 000 morts et des centaines de milliers de familles totalement démunies et dans la détresse. La vie reprend petit à petit le dessus, mais les traces restent encore dramatiquement présentes et le devoir d'aide tout autant vital . Le courage de tous ces gens qui ont souffert et souffrent encore de ces conséquences est admirable par leur dignité et la chaleur de leur accueil.
Fin octobre, j'ai été invité à accompagner les représentantes de l'association CHAH (Collectif Hellemmois d'Aides Humanitaires), Chantal Delsalle, la présidente, et Annie Dovergne, la secrétaire du CHAH, qui ont fait un admirable travail pour trouver les fonds nécessaires à l'équipement de plus de 200 familles démunies, victimes du tsunami, mais aussi pour voir comment nous pourrions équiper des hôpitaux très vétustes de cette belle île.
Après un départ de Paris, un changement d'avion à Londres et 10 heures de voyage dans ce second avion, nous arrivons le 31 octobre à Colombo, où nous sommes reçus par Nilan, notre représentant au Sri Lanka et Jacques Huyghebaert, un ami, qui habite Bandarawela dans le centre sud de l'île.
Le lendemain, nouvelle journée sur Colombo pour nous rendre dans des magasins et choisir le matériel de première nécessité nécessaire à ces familles. Nilan ira ensuite chez des grossistes, pour obtenir le matériel au meilleur prix, augmentant ainsi le volume des achats pour une même somme.
Au troisième jour, nous partons pour Galle, à la rencontre de ces familles, un camion plein à craquer de ce matériel. Dans chaque lot attribué à une famille, il y a deux vêtements, un parapluie (pour s'abriter du soleil et des pluies très fortes lors des moussons), un réchaud à pétrole, une bouilloire (pour stériliser l'eau), un jeu de casseroles, des assiettes et des verres, une lampe (à pétrole également, car il n'y a pas l'électricité partout), une natte (pour dormir dessus), une moustiquaire (les moustiques sont très virulents sous cette chaleur et cette humidité et apportent de nombreuses maladies, tel le paludisme), un pot à eau (il n'y a pas l'eau courante, elle est stockée dans de grands tonneaux en plastique noir que viennent remplir des camions citernes), une bassine pour faire la toilette et laver le linge.
A notre arrivée, Monsieur Udalamaththa Gamage Dayawansa ARIYATHILAKA, Ministre de la Réhabilitation et de la Reconstruction de la province de Galle, nous reçoit avec une grande douceur dans sa voix et sur son visage, trahissant une grande humilité. Puis il nous accompagne dans le village ; l'accueil est très chaleureux : un spectacle de danses sri lankaises nous est offert pour honorer notre venue.
Ma fille Saona est tout de suite prise en charge par une cohorte d'enfants qui lui font visiter les lieux et lui offrent un sac de petits coquillages magnifiques.
Dans le temple, le village est réuni et Monsieur ARIYATHILAKA (Ari) prend la parole pour expliquer notre action, mais aussi auprès de qui les dons financiers nécessaires aux achats ont été récoltés pour leur venir en aide.
Ari m'invite ensuite à chanter un bout de chanson (!) il a expliqué que je suis chanteur !
Nous sommes assis à une table, face à eux et les sourires sont sur toutes les lèvres. Leurs yeux illuminés de reconnaissance nous émeuvent jusqu'aux larmes que nous tentons vainement de cacher pudiquement.
Chantal, Annie, Nilan, Ari, Christelle, toute l'équipe et moi même, après avoir déchargé le camion, nous efforçons de ne rien oublier dans chaque lot ; tout est compté, vérifié et re-vérifié pour ne pas favoriser -ou défavoriser- une famille plus qu'une autre.
La distribution a alors eu lieu, dans une grande dignité, chacun et chacune s'avançent à l'appel de leur nom. Certaines personnes âgées, faibles, ont du mal à porter les colis dans leur bras, je leur propose mon aide en effectuant des allers-retours du temple aux habitations. Ce qui me permet de constater également combien leurs maisons bâties de planches de bois et de tôles étaient équipées de... presque rien ! Juste un lit fait de bois de récupération et une toute petite armoire très simple pour abriter la nourriture ou le peu d'objets qu'ils ont pu sauver du sinistre (par respect pour leur intimité, je ne ferai pas de photos d'intérieur). Nous sommes en nage, la chaleur et l'humidité rendant chaque effort pénible mais nos cœurs sont remplis de bonheur.
La distribution terminée, il reste encore de nombreux lots, Nilan a fait un exploit pour l'achat des ustensiles en les négociant au meilleur prix. Ari nous invite alors à remettre ce surplus dans le camion et à envisager une seconde distribution dans un autre village, vivant dans les mêmes conditions de pauvreté.
Saona, Annie et Chantal avaient fait une provision de peluches et de jouets que Saona distribue à chaque enfant présent, toujours avec ce même calme et cette même dignité.
Puis c'est l'heure des "au revoir". Remontée de larmes dans les yeux, nous aurions tant voulu faire plus encore... mais rires de joie et gestes affectifs de tous les habitants.
Nous repartons dans nos véhicules au second village Même constat de pauvreté, même chaleur et émotion dans l'accueil des habitants, même dignité dans leur malheur...
Un autre jour, nous allons visiter une école pour leur apporter notre aide Une anecdote amusante : Ari converse avec la directrice et les institutrices pour leur demander ce qu'elles souhaitent comme aide. Ari parle en singhalais. Nous ne comprenons pas bien sûr, mais on voit leurs têtes faire des mouvements de droite à gauche, comme pour dire "non". Nous nous regardons ahuris par ces signes manifestes de refus de l'aide que nous voulons leur apporter. Peut-être est-il trop tard pour notre démarche, peut-être sont-ils trop dignes pour l'accepterc Ou pire, notre aide est trop modiquec
Je les laisse à leur discussion, car Saona a ramené de beaux dessins faits par les copains de son école qu'elle doit remettre aux enfants. Christelle demande alors si elle peut faire des photos. L'institutrice qui nous accompagne fait alors ce même mouvement de tête qui semble dire "non" pendant que ses lèvres prononcent "OK !". Nous lui reposons la question, n'y comprenant plus rien : même réponse. C'est alors que nous réalisons dans un grand éclat de rire que pour dire "d'accord" elles hochaient la tête comme pour dire non !
Cette distribution de dessins sera aussi passionnante , nous avons les photos des enfants de l'école de Saona, des photos de sa ville, de manifestations folkloriquesc Les enfants se promettent de s'écrire.
Nous leur offrirons un ordinateur, achat démesuré pour une école aussi modeste. Une autre école profitera également d'un deuxième ordinateur.
Un orphelinat bénéficiera de draps que nous avons apporté et de vêtements que Nilan a acheté avec l'argent qui lui restait de l'association CHAH.
Nous prenons, un autre jour, la route de Tangalle pour visiter l'hôpital du district en compagnie de mon ami Jacques. Mais cette structure, bien aidée par d'autres ONG internationales, ne souhaitait recevoir que des dons d'argent. Ce n'est pas dans les cordes, nous ne faisons que des dons de matériel. Le peu d'argent que nous récupérons par vos dons, sert à acheminer ce matériel par containers sur des cargos. Je repars déçu de ne pouvoir apporter une aide concrète.
Retour à Galle où Ari m'explique qu'il n'osait pas solliciter mon aide pour "ses" hôpitaux locaux, pensant que je n'étais venu que pour celui de Tangalle. Je lui dis qu'il n'en est rien, en lui expliquant ce qui venait de se passer à Tangalle et que je me réjouis de pouvoir lui venir en aide.
Les hôpitaux sont en grande partie dans un état d'insalubrité totale et notre aide leur sera précieuse (je ne vous communiquerai pas certaines photos, tant elles sont difficiles)
Nous retournons à Colombo le 6 novembre, deux jours avant notre départ, pour faire les comptes avec Nilan, récupérer les factures et autres justificatifs des dépenses. Récapituler tous les futurs projets que nous avons en tête pour revenir encore et encore apporter notre aide, votre aide, qui leur est si précieuse et vitale. Nous réglons également nos frais de séjours de nos propres deniers, car il n'est pas question d'utiliser vos dons pour payer ce séjour ; notre action est totalement bénévole.
Un grand merci à ceux qui sont venus en aide au CHAH par leurs dons généreux. Ils ne sauront jamais à quel point ils ont apporté du bonheur chez nos amis Sri Lankais.
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